La statue de la Paix et le buste de Gambetta

Synthèse rédigée par PHP  à partir des articles publiés par Sud-Ouest le 13 décembre et par la Dépêche du Midi le 13 décembre 2023 et de la contribution de Danielle Darquié,historienne.

 

Le territoire fumélois est connu pour l’histoire de son industrie sidérurgique, qui remonte à l’Ancien Régime, et qui s’est surtout développée au XIXe siècle.

 

Fumel Vallée du Lot est propriétaire du site de l’usine de Fumel depuis 2007 ainsi que de tous ses biens meubles. Parmi eux, outre la célèbre et presque unique Machine de Watt, figurent un buste de Gambetta et la célèbre Statue de la Paix, symbole de l’histoire de cette fonderie.

 

La statue de la Paix a été créée par le sculpteur renommé originaire de Castres, Jean-Jules Cambos, et fondue en 1878 dans les ateliers de la Société métallurgique du Périgord à Fumel. 

 

Qui était  Jean-Jules Cambos ?  

 

Jean-Jules Cambos est né à Castres le 28 avril 1828, étudie en 1853 à l’école nationale des Beaux-Arts de Paris et expose dès 1857.Il est rapidement remarqué et sa statue « la Cigale » remporte un immense succès et une médaille en 1864.

 

Sculpteur d’un grand renom et d’un indiscutable talent, il fit une brillante carrière officielle et fut honoré par la ville de Castres qui lui offrit une couronne d'or en reconnaissance de ses travaux pour la ville. Il fut décoré de la Légion d’honneur.  Il décède à Castres le 2 mai 1917.

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La genèse de la statue de la Paix

 

Après le soulèvement de la Commune, l’État avait lancé des concours pour représenter la République. Marianne, ainsi baptisée depuis 1792 à cause d’une chanson, était le plus souvent représentée avec le sein nu de la mère nourricière, coiffée du bonnet phrygien et portant boucliers et piques : une représentation plutôt guerrière de la République. Dans cet esprit-là, Jean-Jules Cambos a préféré mettre dans les mains de la statue de Fumel un rameau d'olivier dans sa main droite et un bouquet de fleurs dans sa main gauche comme symbole de la Paix.

 

Une première statue de la Paix créée par Cambos aurait été achetée en 1866 par l'Administration communale de Verviers (Belgique) à une exposition des Beaux-Arts à Paris. Elle trône aujourd'hui en haut d'un escalier monumental appelé escalier de la Paix et construit en 1878 par la Société Civile Immobilière Verviétoise avec l’aide des architectes Cornet et Grandjean.

La statue à à Verviers (Belgique)

 L’histoire de la statue de l'usine de Fumel

 

« Les Ateliers Métallurgiques Castrais », entreprise castraise, fonctionnaient en lien avec l’usine de Fumel pour laquelle ils construisaient des turbines. C’est donc tout naturellement qu’en 1878 la Société Minière et Métallurgique du Périgord (SMMP) passe commande au sculpteur castrais déjà renommé Jean-Jules Cambos d'une statue en métal destinée à orner le pavillon de l’usine à l’exposition universelle de Paris. À partir du modèle de statue de la Paix déjà créée par Cambos, l’œuvre est coulée en fonte de fer par les ouvriers de l’usine et doit témoigner de l’activité de la fonderie fuméloise pendant l’exposition. Elle y recueillit un franc succès et obtint une médaille. Le président de la République, Jules Grévy, venu visiter l’exposition, s’est arrêté longuement devant la statue de la Paix avant de prononcer ces paroles « une divinité que l’on ne saurait trop célébrer » propos rapportés dans l’Écho du Tarn du 16 novembre 1879.

 

Après l’exposition universelle, sa notoriété faisant des émules, le directeur d’une maison qui produisait des reproductions de statues en terre cuite à Vierzon, écrivait dans son catalogue « mon but est de mettre tout le monde en mesure de se procurer à bon compte des spécimens réduits de sculptures d’un caractère élevé et indiscutable… »

 

La statue sera présentée de nouveau, mais hors concours, lors de l’exposition de 1900. En 1902, elle obtiendra le grand prix de l’Exposition d’Hanoï. Par la suite, revenue sur sa terre d’origine au temps de la splendeur de la SMMP, la statue trônait sous un dais de tubes fièrement dressé à l'entrée de l’usine et les ouvriers la vénérait comme une déesse protectrice de leur savoir-faire reconnu dans toute l’Europe et au-delà. Elle a fini à l’abandon dans les jardins du bâtiment de direction et a connu diverses péripéties. Ainsi, à la suite des travaux menés pour la communauté de communes Fumel Vallée du Lot et visant à recenser le patrimoine industriel subsistant après la fermeture de l’usine métallurgique, Vincent Joineau, un universitaire, l’emmena à Bordeaux, en 2017, pour être présentée lors de l’exposition qu’il a réalisée : « Une terre de feu, des hommes de fer ».

 

Finalement récupérée par la Mairie de Fumel, elle a été exposée dans le grand hall au pied de l’escalier d’honneur à l’intérieur du château.

Depuis le 12 décembre elle est entre les mains de la société SOCRA à Périgueux pour être restaurée et retrouver son aspect initial de Marianne de la Paix.

 

De l'usine métallurgique........à   la Mairie de Fumel

Et le buste de Léon Gambetta

 

 

 

Un buste en plâtre de Léon Gambetta, réalisé par Jean-Jules Cambos en 1880, se trouvait dans la salle de la machine de Watt. Il est aujourd'hui conservé par le service culture et patrimoine  de Fumel Vallée du Lot.

 

Un buste identique mais en bronze de 1892 était installé dans un angle du square de la place de l'Egalité à Villeneuve-sur-Lot. En juin 2020, il a été déboulonné de son piédestal et déposé devant le domicile d'un habitant. Il n’a pas encore retrouvé sa place, la Mairie de Villeneuve l'ayant conservé en attendant sa mise en réparation

 

Le buste de Fumel

Le piédestal restant à Villeneuve