La Vallée de la LÉMANCE, Pays Industriel

Source Jean Louis Milon, association ADAM47, selon Jean Cubelier de Beynac - Editions Fanlac 1999

Photos anciennes de Marc Heib

Le texte proposé, publié dans le bulletin "Liens"  n°47 en décembre 2022 par l'ADAM47, est reproduit intégralement avec l'aimable autorisation de son auteur

 

Ce « Pays noir » entre Dordogne et Lot, dont tout l'environnement a été façonné par l'homme, recèle de nombreuses marques de son passé industriel.

Les cours d'eau fournissaient l'énergie, les forêts le combustible, le sous-sol les minerais.

...Ce Pays de petits métiers, de petites gens, a pourtant connu un essor au XIX° grâce à l'énergie hydraulique. Pas moins de 21 moulins à farine, 3 foulons,1 filature, 3 papeteries, 1 fabrique d'ocre, 3 forges, et 8 moulins à ciment restaient encore en 1887…

Des cimenteries, scieries, parqueteries ont résisté un temps pour finalement disparaitre, faisant retourner cette vallée à son état isolé de « Pays au bois ».

Le terrain est constitué de sables reposant sur des roches calcaires. L'érosion a fait apparaitre des falaises calcaires propices aux abris au cours de siècles. Ces sables, de blanc à rouge, renfermaient du minerai de fer, également silex et craie.

La famine de 1693 a profondément décimé le pays qui s'est mis en autarcie jusqu'à la révolution. S'en est suivi un essor remarquable attesté par les constructions neuves de maisons pour les négociants, artisans et libéraux dans les bourgs tandis qu'en campagne des défrichages et des emblavements concouraient à une vie simple de fermiers.

À l'origine la réduction du fer se faisait près des lieux d'extraction dans des bas fourneaux. Des soufflets à main activaient la combustion pour obtenir des « loupes de fer ». Puis vint le système Catalan où l'on utilisa la trompe à eau pour la soufflerie. Ensuite les forges se sont équipées de martinet.

Au XVè, le Seigneur de Lustrac inféode la forge de LIBOS pour onze quintaux de fer, Jean de Gauléjac, celle de BESSE pour trente quintaux de fer.

Des hauts fourneaux sont édifiés à SAUVETERRE et à GREZE pour la fonte, ils utilisent du charbon de bois. Conséquence une pénurie de bois et des coûts qui rendent les fers peu compétitifs, malgré des commandes de chaudières à sucre pour les colonies. Par manque de capitaux, après la Révolution, il ne sera plus produit que des outils aratoires.

Au XVIè une autre activité prit déjà le pas sur les moulines à fer. La qualité des eaux limpides des ruisseaux attira les maîtres papetiers, notamment à BLANQUEFORT et à St-AVIT. Sur tout le cours, huit papeteries totalisaient 83 pilons.

On notait 13 qualités de papier : du grand au petit Amsterdam - papier trace - petit à la cloche, à la main - Cornet longuet, Cornet grand - fleur de lys - trois ronds - Lombard - aux trois lances - carré ou raisin - ainsi que trace carton...

Cette activité nécessitait de la main-d'œuvre : « l'ouvrier, le coucheur, le leveur, le gouverneur, l'apprenti, le vireur et les salerents ». La vente du papier rapportait plus aux marchands de VILLENEUVE/ LOT et de BORDEAUX qu'au fermier qui était souvent en situation précaire, d'autant que la « gueille » est difficile à acheter car il y a la concurrence des faïenciers de GENES.

Puis en 1847 la route Fumel-Siorac et le chemin de fer Agen-Limoges permettent la construction de l'usine de FUMEL.  On y comptait en plus : 4 corderies - 2 fonderies - 2 papeteries - 1 four à ciment - 1 filature de laine - 2 four à chaux - 1 teinturerie.

Des activités bénéficiant de la force hydraulique perdurent : la farine bien sûr, l'écrasage d'ocre, l'eau de Javel, la filature, le débourbage du minerai de fer.

Au début du XXè à St-FRONT la fabrication de chaux et de ciment prend de l'importance. La papeterie Ratier devient la fabrique de parquets Marty, employant quelques 500 ouvriers. Au moulin de Combettes près de LAVAUR, c’est une scierie pour traverses de chemin de fer. L'usine de FUMEL fond des plaques d'égouts puis des carters pour l'automobile.

Hélas aujourd'hui, ce pays si vivant grâce à sa rivière la Lémance et ses affluents, a perdu la plupart de ses activités et le tourisme ne remplacera jamais les productions du « pays naou » qui depuis le moyen- âge s'était équipé de plus de 50 moulins pour des puissances cumulées d’environ 600cv. Le paysage en a été façonné et conserve les traces d'un des plus anciens passés industriels ./.JLM

 

Pour en savoir plus, regardez en video la conférence de Marc Heib sur le sujet, cliquez ici

quelques images de Marc Heib ci-dessous

 

A Sauveterre :

Le 1er site des établissements Rabot ci-dessus

La forge à droite >>>>>>

 

Le moulin de Pombié à Cuzorn aujourd'hui

Les meules du moulin de Pombié

La filature de Libos >>>>>>>>>

 

le moulin battant à Cuzorn